Quelques millions de fumeurs et anciens fumeurs, considérés sains après avoir passé avec succès un test respiratoire, pourraient en réalité souffrir de troubles pulmonaires invisibles. La mesure du souffle ne suffirait donc pas pour détecter les prémices de maladies graves, comme la broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO).
L'étude a porté sur 8.872 sujets âgés de 45 à 80 ans qui ont fumé au moins un paquet de cigarettes par jour pendant dix ans. La plupart d'entre eux avaient fumé pendant 35 ans, voire 50 ans... En prenant en considération d'autres critères cliniques liés à certaines fonctions physiques, des symptômes respiratoires et des examens comme notamment le scanner, les auteurs ont déterminé que 55% des participants de l'étude déclarés sains souffraient en fait de certaines formes de maladies pulmonaires chroniques. Parmi les participants dont les poumons ont été déclarés en bonne santé avec le test de capacité respiratoire, le scanner a déterminé que 42% étaient finalement atteints d'emphysème ou d'un épaississement des voies respiratoires.
"Briser le mythe du fumeur en bonne santé"
Quelque 23% souffraient d'un essoufflement marqué à l'effort comparativement à 3,7% chez des personnes n'ayant jamais fumé. Plus généralement, les fumeurs et ex-fumeurs avaient une qualité de vie nettement moins bonne. Par exemple, ils mettaient plus de temps à parcourir 350 mètres, par rapport aux non-fumeurs.
Avec ces résultats, les chercheurs espèrent ainsi "démythifier le mythe du fumeur en bonne santé". Car la majorité d'entre eux se trouveraient en réalité à un stade précoce de BPCO, une maladie pulmonaire grave qui représente la troisième cause de mortalité aux Etats-Unis. Ces pathologies incurables apparaissent néanmoins rarement chez des personnes de moins de 55 ans.
Les fumeurs et anciens fumeurs sont particulièrement à surveiller, et les chercheurs proposent d'élargir la palette de tests à effectuer. Outre la mesure du souffle, un test d'exercice, un oxymétrie nocturne ou encore une évaluation de la qualité de vie, le scanner peut également être un outil efficace. Il permettrait par exemple, selon les auteurs, de détecter un cancer du poumon à un stade précoce, réduisant ainsi la mortalité de 20%.
Source : Clinical and Radiologic Disease in Smokers With Normal Spirometry. J. Crapo et al. JAMA Internal Medicine, juin 2015.
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